Yan Lespoux : “J’ai découvert la différence entre le sprint de la nouvelle et le marathon du roman.”

(Photo : Julien Lutt)

On avait découvert Yan Lespoux avec Presqu’îles, recueil d’une trentaine de nouvelles, croquant ce bout de monde à part que représente le Médoc, sa région natale. Si l’on retrouve un ancrage médocain dans son premier roman, Pour mourir, le monde - également publié chez Agullo - le projet d’écriture diffère. Cette fois-ci, place à un roman d’aventure, se déroulant au début du 17e siècle, où l’auteur promène ses lecteurs de Goa à Lisbonne en passant par Salvador de Bahia et la côte gasconne. Rencontre

Les romans d’aventure ne sont pas légion dans la littérature contemporaine française. Comment est née l’idée de raconter cette épopée maritime, faisant voyager à travers le monde lusophone ?

J’avais plutôt envie d’écrire quelque chose qui me fasse voyager moi d’abord, au moment de l’écrire. Je n’avais pas d’idée particulière. Et ça s’est imposé à moi : je suis tout simplement tombé sur une carte, par hasard, dans le cadre de mon travail. Je devais faire une communication pour un colloque sur les stéréotypes attachés à un peuple, l’éthnotype du Médocain. En fouillant, j’ai trouvé les cartes de Claude Masse, un cartographe du 17e siècle, chargé par Louis XIV de cartographier la côte de La Rochelle jusqu’à Bayonne, pour voir s’il fallait faire des ouvrages défensifs le long de cette côte en cas d’attaques anglaises. Chaque fois qu’il levait un carré de carte, il l’accompagnait d’un petit mémoire géographique, géologique, mais il se piquait aussi un peu d’ethnographie ; donc il indiquait des choses sur la manière dont les gens vivaient dans la région. Et d’ailleurs, dans Presqu’îles, j’avais repris une phrase de Masse : "Ils étaient plus barbares et inhumains que les plus grands Tartares".

En regardant les cartes, qui sont très belles, je suis allé chercher mon village, Carcans, me demandant ce que j’allais trouver là, et il y avait une indication évoquant cet endroit "où échoua 6 vaisseaux portugais, où il y avait des richesses immenses et un prince qui fut tué par les habitants du pays, et aussi une partie de ses gens". Donc j’ai commencé à chercher, à demander autour de moi si les gens avaient entendu parler de cette histoire. Ça ne disait rien à personne. Par pure curiosité, j’ai continué à chercher. Et je suis tombé sur un autre livre, aux éditions Chandeigne : Le naufrage des Portugais sur les côtes de Saint-Jean-de-Lus & d’Arcachon, qui est une recollection et contextualisation de documents qui parlent de ce naufrage, dont on connaît très peu de choses en France, mais qui a vraiment été catastrophique pour le Portugal. Ils ont perdu une grande partie du budget du Royaume de l’année, presque toute leur flotte. Ils parlaient notamment de ce Manuel de Meneses et de Melo, qui ont chacun écrit la recension du naufrage. En lisant ça, je trouvais ça ultra-romanesque.

Vous avez d’ailleurs choisi de faire de Meneses, capitaine de caraque, l’un des personnages de votre récit…

Ce personnage était assez fascinant : un type un peu raide, très porté sur l’honneur, extrêmement exigeant, considéré soit comme un fou, soit comme un type ultra courageux et compétent. Il était sans doute un peu des deux d’ailleurs. J’ai trouvé ça génial et me suis dit qu’il y avait des tas de choses à tirer de ça, il y a de quoi écrire un roman. Et j’en ai parlé à mon éditeur, Sébastien Wespiser, autour de Noël 2019, un an avant la parution de Presqu’îles.

Comment a-t-il accueilli ce second projet ?

Il a trouvé ça chouette et m’a suggéré de regarder ça de plus près. Et là, chance : tombe le confinement ! J’avais donc plus de temps que d’habitude. Et puis des tas de bibliothèques nationales dans le monde ouvraient totalement leurs portes, on avait accès à tout un tas d’archives. Donc j’ai passé mon confinement entre Goa, Salvador de Bahia et le Médoc.

J’ai commencé à travailler sur la documentation à ce moment-là, me disant à chaque fois plus qu’il y avait quelque chose à faire. Et puis j’avais vraiment besoin d’aventure, encore plus pendant le confinement, je crois. Il y a quelques années de ça, une dizaine d’années peut-être, était paru un roman d’Antonin Varenne qui s’appelle Trois mille chevaux vapeur (publié aux éditions Albin Michel, ndr), qui était un merveilleux roman d’aventure entre la Birmanie, l’Angleterre et les États-Unis. Je me disais depuis longtemps que Varenne était un peu une exception en France, mais que c’était possible de faire du roman d’aventure et de voyager vers d’autres mondes et d’autres époques.

On sent que le travail de documentation a été une étape riche et importante dans la création de ce roman. De quelle manière avez-vous jonglé entre le travail de recherche et celui de l’écriture ?

Lande et étang de Lacanau Claude Masse

L’étang et la lande de Lacanau, carte de Claude Masse (source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France)

La documentation, c’est vrai que c’est super important. Et puis je suis historien, contemporéanéiste mais je sais faire des recherches. Ma grande crainte était de faire qu’elles soient trop voyantes. Je ne voulais pas faire une fiche Wikipedia, ce qu’on trouve parfois dans des romans, des passages où on a l’impression qu’ils sont en train de nous faire un article encyclopédique sur le cordage du bateau. Donc j’ai vraiment essayé de travailler sur ça, pour digérer une grosse documentation. J’ai notamment lu presque tout la collection Magellane de chez Chandeigne, parce qu’il y a vraiment un tas de choses sur le monde lusophone. Et j’ai laissé décanter pas mal entre le moment de la documentation et le moment du début de l’écriture. J’ai essayé de m’imprégner, d’avoir les choses en tête et de ne pas écrire en allant toujours voir la documentation, que ce soient deux phases différentes, pour que ce soit plus fluide.

Avant que les trois personnages principaux ne se rejoignent - mais nous ne divulguerons pas où pour ménager le suspense ! -, nous suivons Marie dans le Médoc, Fernando à Goa et Diogo à Salvador de Bahia. Associer les trois lieux dans votre roman était une évidence ?

Je voulais vraiment m’appuyer sur le fait historique, et comme il y avait une flotte qui revenait de Goa, une autre de Salvador de Bahia… La question qui se posait était de savoir s’il fallait vraiment insister sur ce qui se passait à Salvador de Bahia ou pas. Mais je trouvais intéressant d’avoir trois personnages, dans cet espèce de triptyque. Ce qui m’obligeait à passer dans tous ces endroits-là. Je me suis fait plaisir, je dois le dire !

Marie et Hélène représentent deux personnages féminins forts, ce qui n’est pas le plus fréquent dans ce genre de récits dont les femmes sont souvent gommées. Quelle importance représentait pour vous le fait d’insérer des personnages féminins dans Pour mourir, le monde ?

Même si on est dans un monde guerrier, très masculin, il y avait aussi des femmes ! Et je trouvais ça important d’avoir des personnages féminins : Marie, Hélène, Sandra en Inde aussi. Cette dernière est un personnage fictif que j’ai rajouté, qui me plaisait bien et je l’ai associée à un personnage réel, qui est Beatriz da Fonseca.

Il me semblait évident qu’il me fallait Fernando, un soldat, en Inde, quelqu’un qui avait une raison de partir et de revenir. Diogo, au Brésil, lui aussi je ne voyais pas comment il pouvait revenir comme ça au Portugal. Donc il me semblait normal que ce soit un jeune homme, une espèce de miroir de Fernando. Il me restait le Médoc. Et sur les côtes françaises, on a ces histoires de naufrageurs, qui relèvent beaucoup du mythe ; ce sont plutôt des pilleurs d’épaves qui profitent de ce qu’ils trouvent sur la plage. Et je me suis dit que ce serait bien d’avoir une femme. Il n’y avait pas que des hommes qui vivaient là. Quelle vie pouvaient avoir les femmes qui vivaient là ? C’est comme ça que je suis parti sur le personnage de Marie. Je m’étais dit que Fernando était mon personnage principal et au fur et à mesure que j’écrivais, je me disais qu’au final c’était Marie. C’est vraiment le personnage auquel je me suis le plus attaché. C’est bizarre les relations que l’on peut avoir avec les personnages, parce que c’est nous qui les écrivons, mais en même temps, il y a des moments où ils s’imposent en quelque sorte. Et je la trouvais chouette ! J’avais envie de la faire vivre là, dans ce monde violent et de dire elle aussi elle peut lever la tête, elle aussi elle peut avancer et elle aussi elle a des projets, une vie.

Vous oscillez entre plusieurs univers dans ce roman : abordiez-vous l’écriture de la même manière pour chacun d’entre eux ? Étiez-vous plus à l’aise avec l’un qu’avec les autres ?

J’ai deux univers différents : le Médoc et le reste du monde. Bahia, Goa, le Portugal, Madrid : tout ça a demandé énormément de recherches. Ce sont des endroits que je ne connaissais pas forcément et qui ont beaucoup changé aujourd’hui. Donc je me suis posé des questions très bêtes : par exemple, est-ce qu’à Salvador de Bahia, les maisons étaient déjà peintes de couleurs différentes ou étaient-elles blanches ? Goa ça a complètement disparu, il ne reste que quelques ruines… J’étais un peu pris par mon souci de ne pas dire de bêtise, que ça reste crédible.

Le Médoc, je connais bien, son histoire aussi. C’est paradoxal, mais là où je connaissais mieux, je me suis dit que j’allais lâcher la bride. Par exemple, les camps de résiniers, je savais que ça existait. Est-ce que des espèces de villages comme ça pouvaient exister ? Je ne sais pas, peut-être. Mais j’ai repris le cadre naturel et puis je me suis dit que là, j’avais envie de faire un western. Donc j’ai choisi de reprendre des archétypes de western, avec par exemple le personnage de Louis, l’oncle de Marie, tel un Desperado régnant sur cette communauté de pilleurs d’épaves. J’ai pris énormément de plaisir à écrire les deux. Le plus facile, ça a été le Médoc, car je n’avais pas besoin d’ingurgiter autant de documentation.

Sur le Médoc, j’avais une idée aussi qui était que ce Médoc reste un peu mystérieux malgré tout. Je sais où a eu lieu le naufrage, mais j’ai un peu brouillé les repères géographiques. J’avais envie que quand on le lise, on se sente un peu perdu, qu’on ne sache pas trop les distances, le temps qui passe. Je voulais qu’il y ait cette espèce d’aura nébuleuse autour de cet endroit-là.

Quand on s’appuie sur des faits réels, comment fait-on pour trouver la bonne distance et créer sa propre histoire ?

Je me suis justement posé la question au départ et me suis dit que s’il y avait quelque chose de romanesque là-dedans, c’est aussi parce qu’il y a plein de trous dans l’histoire. On a deux recensions du naufrage par Melo et Meneses, des recensions de la prise de Salvador de Bahia, de la bataille navale entre les Anglais et les Portugais dans le canal du Mozambique, une chronique avec le point de vue anglais et une avec le point de vue portugais, qui ne sont pas totalement les mêmes, évidemment. Et donc c’est très intéressant, ça donne une espèce de structure sur laquelle s’appuyer. Mais par ailleurs, on ne sait pas tout. Par exemple, Beatriz de Fonseca, dont je parlais tout à l’heure, c’est mystérieux : pourquoi cette femme, à La Corogne, décide de rester sur la caraque, plutôt que de prendre la route pour rejoindre Madrid plus facilement ? Qu’est-ce qui motive vraiment Meneses ? Tout ça, c’est plein de creux.

Votre précédent ouvrage publié, Presqu’îles, est un recueil de nouvelles. Quelles différences avez-vous pu noter entre l’écriture de nouvelles et celle de ce roman ?

Ça a été compliqué ! J’ai réalisé les différences au fur et à mesure, mais on apprend en écrivant. Certaines nouvelles de Presqu’îles, je les ai écrites en deux heures, parce que j’y ai beaucoup pensé avant, il y en a, que j’ai écrites en 2-3 jours, une semaine. Mais une fois qu’une nouvelle était terminée, je la mettais de côté et je pouvais ne pas écrire pendant deux mois. L’écriture de Presqu’îles s’étend sur quasiment trois ans.

Et j’ai commencé à écrire le roman de la même manière : le premier chapitre d’abord, puis j’ai arrêté. J’y suis revenu quinze jours plus tard, donc je l’ai totalement réécrit. Je l’ai laissé reposer, je suis revenu et je l’ai réécrit encore une fois… En tout, je crois que ce premier chapitre, j’ai dû le réécrire une dizaine de fois. Je me disais que je n’allais jamais avancer, que j’allais écrire un premier chapitre et que ce serait tout ! Donc j’ai pris conscience qu’il fallait une discipline d’écriture pour un roman, qu’il ne fallait pas le lâcher, sinon on est obligé de repartir en arrière pour savoir où on en est, pour ne pas perdre les fils. Et quand on revient en arrière, on a envie de revoir, de réécrire. Pendant un an, je finissais avec la documentation, je commençais à écrire mais ça n’avançait pas du tout.

Heureusement, la situation a fini par se débloquer…

Grâce à mon éditeur (Sébastien Wespiser, ndr) ! Pendant trois ans, on s’est appelés tous les jours. Je lui racontais tous les supers documents que je trouvais et je pense qu’il n’en pouvait plus. Mais il ne disait rien… juste "Ah j’aimerais bien qu’on le sorte ce livre, j’aimerais bien le voir écrit". En fait, je me suis lancé dans l’écriture, il y a un an, l’été dernier : je me suis enfermé pendant dix jours dans un appartement, à Barcelone. Et je me suis dit que je n’allais pas sortir tant que je n’aurais pas avancé. J’avais trois/quatre chapitres, écrits laborieusement en un an. Et je me suis lancé à ce moment-là. Je n’ai pas fini le livre, mais j’ai vraiment avancé. Et ça m’a impulsé un rythme. Tout le reste de l’été, j’ai écrit quasiment tous les jours jusqu’à le finir en décembre. Ça a été la découverte entre le sprint de la nouvelle et le marathon du roman.

Et parlons de ce titre, avec une jolie virgule au milieu.

Je suis nul en titre ! Pour mes articles pour le travail par exemple, ça me pose un vrai problème. Déjà pour Presqu’îles, à la fin on m’avait dit qu’il fallait que je trouve un titre pour mes nouvelles, à chaque fois, j’avais trouvé un titre vite fait en un ou deux mots. Et là, on a carburé pendant des mois sur le titre avec Sébastien Wespiser (rires). Il me disait qu’il faudrait qu’il y ait "monde" dedans pour l’idée d’aventure. À un moment, je suis tombé sur ce poème qui est en exergue (de l’auteur portugais Antonio Vieira, ndr) : "Pour naître, le Portugal ; pour mourir, le Monde…". Je me suis dit que ça résumait tout ! Je trouvais ça percutant, que ça donnait une ampleur, une idée d’épopée. Et mon éditeur a détesté : "Mais on ne met pas mourir dans le titre ! On ne va rien vendre !" Mais il me semblait que c’était vraiment le bon titre… alors j’ai entrepris de l’avoir à l’usure ! À chaque fois que je croisais des amis communs, je leur suggérais le titre. Ils me répondaient "Ah oui, super" et j’envoyais le message à Sébastien ! Hervé Le Corre trouve que c’est génial… Donc au bout d’un moment, il a dit que c’était bon. Mais que si c’était un échec, je le porterais sur mes épaules (rires). Mais je trouvais qu’il résumait bien les choses et en y réfléchissant, elle m’a plu cette virgule.

Le travail autour de la couverture a-t-il été plus facile ?

Le livre a vraiment été pensé comme un bel objet, c’était l’idée de Sébastien au début. Donc on a changé la charte de la maison d’édition. Il a fait travailler dessus le graphiste, Cyril Favory, qui fait toutes les couvertures d’Agullo. Et il a fait un très beau travail. La carte, c’est une carte de Goa, à la toute fin du 16e, où on trouve des endroits mentionnés dans le roman, quand on regarde dans le détail. On l’a torturé le pauvre, il avait même créé une police spéciale et on a changé mille fois celle du titre. L’écriture, c’est un travail solitaire, mais ensuite ça devient un travail d’équipe. Puisque très vite, on travaille avec une éditrice, là en l’occurrence Estelle Flory, qui a coupé quelques pages. Notamment dans le passage sur La Corogne, j’allais trop dans le détail, et on se perdait. Le travail de correction, la commercialisation, le suivi en librairie, assuré par Sébastien et puis le travail des représentants de chez Interforum, dont le travail est essentiel. Depuis quelques mois, c’est notre livre, pas seulement le mien. C’est un graphiste, trois éditeurs, une vingtaine de représentants.

Sur vos étagères, derrière vous, je vois beaucoup de romans noirs… Quel type de lecteur êtes-vous ?

Je lis un peu tout, mais j’ai une grande passion quand même pour le roman noir. Je suis un lecteur compulsif depuis tout petit, donc je lis vraiment beaucoup. Un peu moins quand j’écris, même si pendant ces périodes-là je lis de la poésie ou des nouvelles. Ce que j’aime dans la poésie, c’est que ça donne des idées de rythmes qui peuvent être utiles dans l’écriture. Je prends des choses sans m’en rendre compte. J’aime particulièrement Robert Desnos, Pablo Neruda…

Pour mon travail, je chronique aussi beaucoup de récits historiques, sur l’histoire du 20e siècle, sur l’occitanisme.

Quels sont les derniers livres lus que vous avez particulièrement aimés ?

Je suis en train de lire un roman d’aventure justement, que Sébastien Lavy, de la librairie Page et plume, à Limoges, m’a envoyé. C’est Séquoia de Michel Moutot, chez Points : une histoire de chasseurs de baleines partis faire fortune en Californie au 19e siècle. C’est super !

J’ai aussi lu récemment un livre d’Antoine Albertini, Un très honnête bandit, publié chez Lattès : j’ai adoré. Antoine Albertini a écrit plusieurs essais sur la Corse. Il était rédacteur en chef de Corse Matin, puis il a été correspondant du Monde en Corse. Il part aussi d’un fait réel, une vendetta vers la fin du 19e siècle en Corse. Xavier Rocchini, par vengeance, assassine un autre homme. Il prend le maquis et deviendra un bandit particulièrement violent.

Machin-Machine de J.O. Morgan, chez Liana Levi : c’est très étrange. C’est le premier roman de cet auteur écossais traduit en France, mais il écrit aussi de la poésie de science-fiction. C’est l’histoire de la machine qui permet la télétransportation. Ça commence dans les années 1950, ça a la taille d’un frigo. Les chapitres se succèdent avec des époques et des personnages différents ; on voit l’évolution de la machine, mais aussi du monde autour… C’est quelque chose de très étonnant, prenant et assez émouvant.

Dans le genre plus léger, j’ai lu aussi Le Sniper, le wok et son fusil de Chang Kuo-Li, chez Folio : c’est l’histoire de tueurs à gage de Shangaï, qui est pourchassé en Europe et revient là-bas. Un récit très efficace.

Un livre que vous avez souvent offert ?

Un livre qui est épuisé, en partie à cause de moi je pense ! Il s’appelle Triggerfish Twist de Tim Dorsey, chez Rivages. C’est un auteur trop peu connu, tellement peu connu que Rivages a arrêté de l’éditer, parce qu’ils ne le vendaient pas en-dehors du petit fan club qu’il a. Tim Dorsey a un personnage principal qui s’appelle Serge A. Storms, qui est un malade mental, schizophrène, paranoïaque, psychopathe, passionné de l’histoire de la Floride, qui a tendance à tuer plein de gens. Mais c’est toujours avec plaisir parce que sont des gens qu’on déteste. Et ce sont des histoires très échevelées, ça part dans tous les sens, et à un moment ça se regroupe. C’est vraiment hilarant ! Il y a d’autres Tim Dorsey, qui eux sont encore disponibles : Florida Roadkill par exemple a été réédité il n’y a pas très longtemps.

L’autre livre que j’offre beaucoup, c’est Eureka Street de Robert McLiam Wilson, publié chez Actes Sud, qui est un monument de littérature. C’est extrêmement cynique, émouvant, drôle, intelligent. À chaque fois que je l’ai offert, les gens l’ont trouvé super. C’est un livre dans lequel chacun peut trouver quelque chose.

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