Guillaume Mélère : “J’ai l’impression que les textes que l’on publie sont vraiment très très atypiques et immédiatement étonnants.”

Avide lecteur d’histoires singulières, Guillaume Mélère a décidé de quitter le métier d’enseignant et de partir à la recherche de nouveaux textes à faire découvrir aux lecteurs français, en créant sa propre maison d’édition, les Monts Métallifères. Rencontre

Les Monts Métallifères est une maison d’édition récemment créée. Pourquoi se décide-t-on à monter sa propre maison d’édition ?

La maison d’édition est en effet assez jeune, elle a deux ans : le premier livre L’homme à Histoire, de Malcolm Bradbury, est sorti fin août 2021. À l’origine du projet, il y a deux choses : d’abord, le fait que je me sois mis à faire de la traduction. J’étais prof et ai arrêté pour traduire L’homme à Histoire.

Mon amie Lilas Carpentier, qui est graphiste, travaillait pour une maison d’édition de livres d’artistes. Ils faisaient des livres à tirages très limités.

Je lui ai parlé de Pavíc, qui est un écrivain que j’adore, et de ce livre inédit qui s’appelle Exemplaire unique, qui pouvait l’intéresser, parce que c’est un projet éditorial très particulier, puisqu’il fallait créer quelque chose de très singulier, à savoir un livre dont tous les exemplaires seraient différents.

Et en même temps, j’ai fait la découverte, par une traduction, de William Heath Robinson, le dessinateur anglais. Donc on s’est retrouvé avec trois livres en cours. Elle avait très envie de travailler sur Robinson. Moi, j’avais envie de faire publier le Bradbury. Et puis avec le Pavíc… On s’est dit autant s’en occuper nous-même et lancer une maison d’édition.

On voulait faire une maison d’édition associative en se disant que l’on publierait des livres au rythme qu’on souhaiterait, sans trop de pression financière. Mais en fait, le projet a très rapidement intéressé Harmonia Mundi Livre, qui nous a dit que c’était un projet qui avait un potentiel. Ils nous ont encouragé à créer une société, une vraie maison d’édition et à avoir un projet éditorial un peu plus ambitieux, plus régulier.

L’idée d’en faire une activité à temps plein s’est imposée petit à petit, compte tenu de l’écho que la maison d’édition a rencontré. On a eu très vite de la presse, des soutiens de libraires, la région Bourgogne qui nous a suivis, le Centre national du livre qui nous a soutenus sur les premiers projets. Les choses se sont bien passées assez vite.

On a donc commencé à deux : je m’occupais de toute la partie éditoriale, relation presse et librairie, travail de correcteur et relecteur ; Lilas s’occupait de la partie graphique. Depuis quelques mois, je lui ai racheté ses parts et maintenant je suis tout seul.

Exemplaire unique de Pavić, un objet éditorial unique

À quoi pensez-vous que ces retombées positives rapides aient été dues ?

Difficile à dire… Je pense que les projets sont très singuliers, on a su faire appel à des illustrateurs connus et reconnus. Puis le projet Exemplaire unique nous a quand même fait connaître de pas mal de monde, notamment des libraires. Quand ils ont vu arriver cet objet très atypique, ils se sont intéressés à ce qu’on comptait faire par la suite.

Harmonia Mundi a un super réseau de représentants, ils ont un très bon contact avec les libraires, une bonne réputation. Au début, avec Lilas, on pensait qu’on ne rencontrerait pas les libraires, que ce n’était pas notre boulot. Et puis en fait, on s’est vite rendu compte que le travail de surdiffusion, de contact avec les libraires était très important et faisait aussi partie du plaisir de ce métier-là.

La maison d’édition est suivie par des librairies très petites mais qui vendent beaucoup de livres, comme Myriagone à Angers, Fracas à Lorient, l’Usage du papier à Trouville ou Au saut du Livre à Joigny. Mais aussi par des très grosses librairies comme Mollat à Bordeaux et Passages à Lyon, par exemple. Il y a un côté assez arbitraire là-dedans. On est très bien diffusés par Harmonia.

Est-ce que vous pensez qu’il y a une volonté des librairies de mettre en avant des choses plus confidentielles ?

Il y a aussi cet élément-là, qui est une conjonction heureuse : effectivement, il y a une évolution de beaucoup de libraires qui veulent mettre en avant des gens qui cherchent à faire le métier autrement ; ils défendent donc des maisons d’édition indépendantes et plus confidentielles. Je ne me souviens pas quand j’avais 20-25 ans avoir vu en librairie autant de toutes petites maisons d’édition.

Ça semble en effet un phénomène assez récent…

Oui, avec l’émergence du Tripode, de la Peuplade, du Nouvel Attila, de Monsieur Toussaint Louverture… Il y a eu une ouverture à d’autres maisons d’édition. Et les libraires se sont rendu compte que ça pouvait être très porteur de soutenir ces maisons d’édition-là.

Julien Delorme fait beaucoup à lui tout seul pour la littérature indépendante. Il est très suivi, très écouté et ne parle pas seulement des livres de la Peuplade. Il met aussi en avant des livres des petites maisons d’édition qu’il lit. Il avait parlé de nos livres, par exemple, et contribué, par passion, à nous faire connaître.

À quelles surprises et à quelles difficultés avez-vous été confrontés depuis le début de cette aventure éditoriale ?

On a eu pas mal de surprises, parce qu’avec Lilas, on n’avait pas une très bonne connaissance - c’est le moins qu’on puisse dire -, du fonctionnement de la chaîne du livre. On a notamment découvert en cours de route quelque chose qui était le droit de retours. Ça paraît absurde maintenant de dire qu’on a lancé une maison d’édition sans savoir ce que c’était. Ça a été une très grande surprise pour nous de constater que notre premier livre, en l’occurrence L’homme à Histoire, pouvait se retrouver dans énormément d’endroits, ce qui nous paraissait un succès immédiat (rires) pour découvrir en fait que la majorité des livres placés en librairie nous revenaient. On s’est rendu compte de la fragilité de notre trésorerie et du modèle économique des maisons d’édition. Parce qu’on ne sait jamais tout à fait combien d’argent on a, combien de livres on a vendu. Et à la fin du mois, on peut difficilement prévoir ce qu’on va avoir. Donc c’est une vraie difficulté parce que ça impose de réfléchir à un équilibre très difficile à trouver entre les tirages, les mises en place, les ventes réelles et les retours.

Et faisant de la littérature étrangère, la traduction coûte cher : le modèle économique est d’autant plus précaire. Sachant qu’on a fait le choix de ne pas publier pour renflouer les caisses. Donc s’il y a un livre qui sort aux Monts Métallifères, c’est vraiment que c’est un livre auquel on croit et que l’on veut défendre sur le long terme. Il n’y a pas de remplissage éditorial. C’est la difficulté principale.

Au quotidien, qu’est-ce qui vous épanouit le plus dans ce métier ?

Mon plus grand plaisir, c’est de chercher des textes, de trouver de nouvelles manières de chercher des textes. Il y a beaucoup de stratégies possibles pour trouver des textes étrangers peu connus. Et c’est assez amusant d’en inventer. Je n’ai pas honte de dire que j’utilise beaucoup les logiciels de traduction, ce qui permet d’aller farfouiller dans des sites, blogs, des maisons d’édition dans toutes les langues.

Et puis ensuite le travail de collaboration, que ce soit avec les traducteurs ou encore les illustrateurs/illustratrices, les libraires est toujours très enrichissant. Toute cette partie-là m’amuse et m’excite énormément. Depuis quelque temps, je fais de plus en plus de salons, et je commence à avoir pas mal d’amis éditeurs, que je retrouve à chaque fois avec plaisir. Le monde de l’édition indépendante est un milieu assez joyeux.

Votre catalogue contient de la littérature étrangère, beaucoup d’auteurs morts, peu de titres. Ce qui représente déjà une forme de singularité. Comment définiriez-vous vos publications ?

Dans mes lectures, j’ai toujours recherché le sentiment d’étonnement, d’être face à quelque chose de singulier, qui déstabilise les habitudes de lecture. Alors le terme de "voix" est extrêmement galvaudé. Dès que l’on se trouve face à un nouvel auteur, "une nouvelle voix émerge" et en fait, bien souvent, ça ressemble à beaucoup d’autres choses. Là, j’ai l’impression que les textes que l’on publie sont vraiment très très atypiques et immédiatement étonnants. On lit les premières pages de L’homme à Histoire, de Prison (d’Emmy Hennings, ndr) ou de Trente-quatre récits très courts et assez courts (de Linor Goralik, ndr), on voit que ce sont des choses qui ne ressemblent à rien d’autre. C’est ce sentiment que je recherche en tant que lecteur et donc en tant qu’éditeur.

On peut trouver en effet surprenant que certains textes n’aient jamais été traduits auparavant…

L’homme à Histoire, de Bradbury : premier titre publié par les Monts Métallifères

Pour certains d’entre eux, on peut être surpris que personne ne s’y soit intéressé avant. Alors Goralik, c’est assez particulier puisque les textes sont très confidentiels, une autrice russophone qui publie sur son blog, il n’y a pas de livre édité d’elle dans son propre pays. Je comprends que personne ne l’ait publiée. L’homme à Histoire, par contre, c’est Lodge qui en parle dans L’Art de la fiction (publié chez Rivages, ndr), le livre que tous les étudiants de littérature de licence 1 sont amenés à lire. Et il en parle comme d’un texte majeur de la littérature anglaise du XXe siècle. Pourquoi ça n’a jamais été traduit ? Prison d’Emmy Hennings, ça me semble sidérant qu’un texte aussi essentiel et d’une modernité incroyable, très facilement trouvable et très actuel, n’ait pas été publié par des plus grands. Mais tant mieux pour nous !

Mais par exemple, pratiquement tout de Gert Jonke a été publié par Gallimard et Verdier. Quand j’ai acheté les droits pour Roman géométrique de terroir, Jean-Yves Masson, l’éditeur de la collection Der Doppelgänger de littérature allemande chez Verdier, m’a contacté et m’a dit que la traduction était déjà faite. En fait, Verdier voulait publier le titre en 2003 mais au final, ils avaient choisi de ne pas le faire, parce que ce n’était pas assez porteur économiquement. Mais à ma grande surprise, Roman géométrique de terroir est quasiment épuisé (avec un tirage à 1.500 exemplaires), ce qui veut dire qu’on a fait mieux que Verdier. Et Ligotti, le prochain livre que l’on va publier, en novembre, c’est un auteur qui est dans les tuyaux de tout le monde en Europe, depuis longtemps. Il est publié en Italie, Allemagne, Espagne. Mais en France, il n’y a qu’un seul volume de ses nouvelles, Chants du cauchemar et de la nuit, publié en 2012 chez Dystopia, un petit éditeur en auto-diffusion/distribution qu’il faut vraiment saluer. Le livre est une vraie réussite, il s’est très bien vendu, et a fait découvrir Ligotti à beaucoup de monde en France, mais personne n’a voulu reprendre le flambeau de tout ce temps. Mais je crois que ça va changer et que d’ici quelques années, c’est un auteur qui sera publié chez les plus grandes maisons d’édition. Là, on bénéficie d’une espèce de mystère, de creux. Peut-être que justement ils attendent que des petites maisons d’édition lancent pour voir à quoi ça ressemble.

Pouvez-vous nous en dire plus justement sur le prochain texte que vous publiez : Mon travail n’est pas terminé de Thomas Ligotti ?

Ligotti est un auteur de ce qu’on appelle aux États-Unis "weird fiction", de fiction bizarre. Dans laquelle on range des auteurs qui sont à la frontière de l’horreur, du gore, du fantastique. Emblématiquement, c’est Lovecraft, la figure tutélaire de ce genre. Ligotti est directement dans cette lignée. Il publie depuis une quarantaine d’années essentiellement des nouvelles, très sombres, qui présentent la vie comme un vaste cauchemar. C’est quelqu’un qui a une vision philosophique très pessimiste de l’existence, il a d’ailleurs écrit un traité qui s’appelle La conspiration contre la race humaine (titre non publié en français, ndr), qui défend l’idée que toute vie, quelle qu’elle soit, est un scandale. Et que la vie est injustifiable et immorale par nature.

Parution le 3 novembre 2023 des textes de Thomas Ligotti

Il a publié une série de textes qu’il appelle Les contes d’horreur en entreprise, dont un court roman, Mon travail n’est pas terminé, et quatre nouvelles, dans lesquelles il imagine des manières différentes d’aliénation dans le travail, teintées de fantastique. Et le texte principal, dont le nom donne son titre au livre, c’est une narration à la première personne. On se retrouve dans la tête d’un employé d’une grande entreprise, qui est dans une logique de capitalisme managérial assez typique. C’est un petit employé peureux, misanthrope, paranoïaque, obsessionnel, solitaire, qui méprise ses collègues, tout en étant très anxieux d’avoir leur reconnaissance. Il soumet une idée révolutionnaire à ses supérieurs. Ses collègues vont se liguer contre lui pour le pousser à bout, jusqu’au licenciement. Ce narrateur va décider de se venger de chacun de ses collègues, en raffinant pour chacun d’entre eux une vengeance à la mesure de ce qu’il a subi, d’une cruauté que lui-même trouve excessive. C’est un livre dérangeant, avec une dimension de satire sociale très acerbe, qui vient déplacer les codes du genre.

Ce texte inaugure la première collection de la maison, qui s’appelle Pb82. C’est le Plomb dans le tableau périodique des éléments, un jeu avec notre nom des Monts Métallifères. L’idée étant d’en faire une collection très lourde, plombante, toxique, qui soit en quelque sorte l’anti feel good. Chaque année, il y aura un ou deux titres lancés dans cette collection, avec sa charte graphique propre. Et ce seront des titres qui vont aborder des thèmes comme la cruauté, la vengeance, la violence, la dépression, la tristesse. Qui proposent de remettre en avant la dimension cathartique de la littérature.

Cette collection va-t-elle faire accélérer votre rythme de publication ?

On a fait six livres de littérature en deux ans. Et là, on va passer à quatre, voire cinq titres de littérature par an. Dont deux de la collection Pb82. Il y a une vraie ivresse à voir les projets s’accumuler, les faire vivre. Et puis je crois que c’est important pour exister de ne pas attendre trop longtemps entre deux publications. Sinon, il y a un travail de remise en route auprès des libraires, qui est délicat.

Comment gérez-vous le fait de mener seul la maison d’édition ?

Je suis en effet seul à sa tête, mais je ne travaille pas tout seul parce que je collabore beaucoup avec des traducteurs, illustrateurs, des libraires, dont certains vont d’ailleurs peut-être être amenés à prendre un rôle de conseils ou d’avis, ou me mettre sur la piste d’auteurs, autrices, illustrateurs, illustratrices dont ils ont entendu parler. Et ça c’est un vrai plaisir. Pour le graphisme de Pb82, je travaille avec les éditions Bouclard. Et pour les autres titres, j’ai commencé à collaborer avec Renaud Buénerd, des éditions du Chemin de fer, qui est un voisin bourguignon. Dans les deux cas, ce sont des super graphistes et éditeurs, donc ils sont d’excellent conseil. Il y a d’autres maisons d’éditions qui deviennent des amis avec qui je prends du plaisir à discuter de certains projets. Donc je suis seul sur le travail de gestion de la maison d’édition, mais pour le reste en fait, il y a une espèce d'écosystème qui se met en place, une solidarité assez vertueuse.

Quel retour avez-vous des lecteurs ?

C’est pas facile les retours de lecteurs. Le seul endroit en fait où j'en ai, c’est par Instagram. Sinon c'est sur les salons et j’en fais de plus en plus parce que c'est un maillon essentiel, même au niveau économique, pour une maison d'édition à mon échelle. Et ce dont me parlent les gens,  c'est de l’élément de surprise, de se dire que les livres ne se ressemblent pas à et qu'à chaque nouveau livre, ils ne savent pas à quoi s’attendre. Et qu’il y a une curiosité par rapport au suivant parce que je vais faire en sorte que ce soit forcément différent, autre chose que ce qu’on attend.

En tant que lecteur, quel est votre profil ?

Je suis à la recherche de textes très singuliers, qui surtout inventent une langue et placent la création linguistique au cœur du travail. Par exemple, Arno Schmidt (publié aux éditions Tristram, ndr) est très important pour moi : il invente une langue complètement atypique, folle, qui peut sembler un peu absconse, mais qui en fait est très juste. Des gens comme Antoin Volodine qui invente un univers, une langue, une syntaxe. C’est ce que j’aime et que je cherche, que j’espère réussir à défendre. Je suis très content de voir d’autres maisons d’édition publier des textes dont je me dis que j’aurais adoré les publier. Je pense par exemple à Renata n’importe quoi de Catherine Guérard, réédité au Chemin de fer : c’est un texte avec une langue folle, d’une singularité inouïe.

Je cherche des textes qui procurent un certain inconfort, qui font se poser des questions : "qu’est-ce que c’est ce truc que je suis en train de lire ?" et donc une certaine difficulté évidemment, mais qui ne doit pas être bloquante.

Quels sont les textes que vous avez particulièrement aimés dans vos dernières lectures ?

Une des grandes frustrations depuis que je suis éditeur - même si j’ai encore du mal à me revendiquer comme éditeur, donc disons depuis que j’ai la maison d’édition -, c’est que j'ai de moins en moins de temps pour lire les autres. Parce que entre les relectures des textes qu’on publie et les recherches de textes, je lis énormément de littérature étrangère, évidemment. Donc j'ai peu de temps pour ça.

Néanmoins, j'ai lu récemment Baisse ton sourire de Christophe Levaux, aux éditions Do. De la littérature française contemporaine, je n’en lis pas assez et là c'est un texte sur les violences conjugales. C’est très sombre, très dur et en même temps très juste, là aussi avec une langue singulière, un vrai livre de littérature que moi je trouve important.

Et puis je vais parler de Christophe Ségas, qui est un auteur contemporain que j’ai découvert par les éditions du Chemin de fer - encore eux -, et qui a aussi publié au Nouvel Attila, un roman qui s’appelle Remington. Il a créé un univers très particulier, à la frontière de la science-fiction, de la littérature médiévale, de la fantasy, avec une langue d’une grande poésie. Il m'a soumis un manuscrit et donc il sera le premier écrivain contemporain inédit publié dans la maison d’édition.

Et puis sinon je relis pas mal mes fétiches : Walser, par exemple. Il a une espèce de naïveté que l’on trouve rarement. Je le soupçonne d’ailleurs d’avoir surjoué la folie, pour se retrouver bien tranquille, que personne n’attende rien de lui.

Quels sont les livres que vous aimez offrir ?

Aux gens qui lisent peu, j'ai souvent offert les Histoires enfantines de Peter Bichsel - recueil de petits textes poétiques, absurdes et très drôles sur des gens qui poursuivent une idée jusqu'à la folie (faire le tour du monde en ligne droite, intervertir les mots…), qui finissent toujours par mettre le langage cul par dessus tête. Ça amuse les enfants et ça bouleverse les adultes, parce qu'il y a une vraie mélancolie sous cette fantaisie ludique. Bichsel est suisse et on retrouve chez lui la naïveté de Walser, et le même art de faire de la magie à partir de rien du tout. C'est aussi un excellent support d'écriture pour les élèves que j’utilisais quand j'étais prof en collège. Le recueil est au Nouvel Attila, et Harpo& a publié à part un texte extraordinaire qui s'appelle Yodok. Rien que d’en parler me donne envie de le relire.

Et aux gens qui lisent beaucoup, j'essaie de les convertir à mes marottes. Soit Les enfants Tanner (de Robert Walser, ndr), soit un Arno Schmidt (Miroir noir, l'un des romans que j'ai le plus relus et offerts), soit Pnine, mon Nabokov de cœur, que je reprends en main quand ça ne va pas, comme on retrouve un vieux copain.


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